Month: November 2016

  • Un siècle de génocide, suite ou fin ?

    La journée internationale de la liberté de religion, célébrée tout récemment (le 27 octobre), nous rappelle que la liberté de religion ou de conviction n’est ni une réalité qui va de soi, ni, globalement, une tendance internationale qui a le vent en poupe.

    Bien au contraire, la tendance est négative. Cette valeur humaine universelle, essentielle, est actuellement sérieusement limitée, voire battue en brèche, dans une majorité de pays et de territoires de la planète, représentant 74 % de la population totale (selon le rapport du Pew Study Center pour 2013).

    Pour en savoir plus : le Rapport 2016 sur la liberté religieuse dans le monde

    La journée internationale rappelle aussi à tout un chacun combien la route a été difficile, longue, souvent sanglante, depuis l’époque du servage, celle où la société était divisée par de profonds fossés, où régnaient la haine sectaire et l’oppression violente, jusqu’à l’émergence de sociétés libres, pluralistes et tolérantes, respectant l’État de droit, les droits de l’homme et les valeurs universelles fondamentales. Aucune de ces sociétés n’est un modèle parfait, mais nous apprenons chemin faisant. De nombreux peuples, communautés, dirigeants et gouvernements, qu’ils se trouvent en Europe, en Asie, en Afrique, dans les Amériques, en Australie ou en Océanie, luttent pour accroître la qualité de la démocratie et améliorer l’acceptation et la préservation de ces principes et de ces valeurs. De nombreux dictateurs, régimes autocratiques et groupes violents luttent, eux, dans un but opposé: pour un État sans droit plutôt que pour l’État de droit, pour imposer leur loi au peuple plutôt que pour se mettre à son service…

    Liberté de religion pour la dignité

    Bien que plus de 84 % de la population mondiale puisse être qualifiée d’«affiliée à une religion» (ibid), la liberté de religion ou de conviction ne concerne pas qu’eux. C’est une liberté dont nous profitons tous, puisqu’elle couvre les athées, les agnostiques, tout le monde. Le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction est lié à la liberté d’expression, à la liberté de réunion et à d’autres droits civils et politiques importants. C’est un indicateur très parlant de l’état de tous les droits de l’homme. En effet, lorsque la liberté de religion fait défaut, d’autres libertés civiles sont également absentes. La culture de la dignité humaine est inconcevable sans la liberté de religion ou de conviction.

    Dans ma patrie, la Slovaquie, alors appelée la Tchécoslovaquie, la lutte pour renverser le régime totalitaire communiste a atteint son apogée après le Grand vendredi de Bratislava en 1988, lorsque la manifestation pacifique sur fond de prières, organisée par des citoyens au centre de la capitale pour demander qu’on leur reconnaisse des droits civils et religieux, a été brutalement dispersée par les forces de l’ordre. À partir de ce moment-là, la vague qui a abouti à la révolution de velours et au bouleversement politique de 1989 est devenue impossible à arrêter.

    L’engagement des chefs religieux pour la paix

    La liberté a toujours un objectif et elle ne peut survivre sans une responsabilité partagée. C’est pourquoi, à mes yeux, les revendications pour une plus grande liberté religieuse sont implicitement liées à l’engagement actif des communautés et de leurs chefs religieux en faveur de la paix, de la justice, du vivre-ensemble et de la solidarité. Nous en avons bien besoin, en ce XXIe siècle. Depuis l’extermination systématique de 1,5 million d’Arméniens en 1915-16, le premier génocide reconnu du XXe siècle, l’humanité a connu d’autres horreurs similaires, pour des motifs religieux, raciaux, nationaux ou ethniques, dans bien des endroits du monde – dans les camps de concentration nazis ou soviétiques, les goulags et les fosses communes, au Cambodge, au Rwanda, en Bosnie… «Jamais plus !»: la promesse du Tribunal de Nuremberg en 1946 a été brisée à plusieurs reprises, encore et encore. Nous avons trop souvent abandonné, rompu notre engagement à prévenir les génocides et les traitements inhumains. En réalité, ce sont des gens dans le besoin que nous abandonnons, ceux qui sont persécutés à cause de leur religion, de leur conviction, de leur race, de leur appartenance ethnique – de leur identité humaine.

    Humaniser ce siècle!

    Meurtre, torture, esclavage, enlèvement, viol ou persécution: toutes ces atrocités que subissent actuellement, systématiquement, les minorités religieuses et ethniques dans les territoires dominés par Daech se résument finalement à un seul et même crime: un génocide. Telle est l’opinion vigoureusement défendue par les organes parlementaires du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne, des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Australie, ainsi que par d’autres institutions et organisations. Une question alarmante et particulièrement actuelle se pose alors: ce siècle de génocides doit-il prendre fin ou continuer? Après les chrétiens, les yézidis, les chiites, et quelques autres communautés en Irak et en Syrie, qui sera sur la sellette la prochaine fois, quel groupe, quel territoire ?

    La réponse à cette question est cruciale et s’engager est essentiel. Comme bien d’autres, je suis convaincu qu’un siècle meilleur est possible. Nous avons l’obligation morale d’améliorer, d’humaniser ce siècle! Si nous voulons avancer de concert dans une ère meilleure, plus pacifique, nous devons enrayer cette tendance à la répétition, ces recrudescences d’inhumanité. En d’autres termes, nous devons mettre fin à la persécution des innocents, aider les victimes privées de parole et de moyens de défense et traduire les criminels en justice. L’ignorance, l’indifférence et la peur aident les fanatiques et les criminels: notre silence meurtrit les victimes.

    Génocides et autres atrocités au nom de la religion

    Hormis la persécution sous forme de génocide, il existe bien d’autres formes d’oppression religieuse: les lois anti-blasphème, les lois anti-conversion, la violence sectaire, les régimes totalitaires qui s’efforcent de supprimer les manifestations religieuses et la liberté de conscience et de conviction dans l’intérêt de leur idéologie et de l’uniformité. Marx et Lénine détestaient la religion, la considérant comme l’«opium de l’humanité». Et ils avaient créé leur propre «religion», une idéologie nouvelle, coercitive et militante. Les grands dictateurs des dernières décennies – Hitler, Staline, Mao Zedong, Pol Pot – ont aussi violemment réprimé la liberté de religion et de conviction.

    Combattre l’ignorance

    Nous ne pouvons pas comprendre ce qui se passe dans le monde sans comprendre les religions, y compris l’utilisation abusive qui en est faite (par les terroristes islamistes par exemple). Sans cela, nous ne pouvons pas non plus trouver de thérapie efficace.

    Promouvoir la liberté de religion ou de conviction et l’éthique de la responsabilité, éduquer à vivre dans la diversité: telle est la meilleure manière de réagir au fondamentalisme religieux, à l’extrémisme violent et au terrorisme. Si nous arrachons sans relâche les racines de l’ignorance, de l’indifférence et de la peur, la culture de la dignité humaine pour tous et partout pourra croître et porter ses fruits, durant notre siècle.

    L’article est disponible ici:

  • A Contribution in Commemoration of the Annual International Day of Religious Freedom-Century of Genocides: End or Continuity?

    This essential, universal human value is currently seriously restricted or attacked in the majority of the world’s countries and territories representing 74% of the total world population (Pew Study Center Report, 2013). The day also reminds people of the hard, long, often bloody road from serfdom, deep societal divisions, sectarian hatred, and violent oppression against efforts to form free, pluralist and tolerant societies respecting the rule of law, human rights and basic universal values. No society is the perfect role model in this, but we learn as we go. Many peoples, communities, leaders and governments in Europe, Asia, Africa, Americas, Australia and Oceania struggle to improve the quality of democracy, to embrace and care more about these principles and values. Many dictators, autocratic regimes and violent groups struggle in the opposite direction: they proclaim rule without law instead of the rule of law; the power over people instead of the service to people…

    While more than 84% of people in the world can be described as “religiously affiliated” (ibid.), FoRB is more widely applied. It is a fundamental freedom relevant for all, as it also covers the rights of atheists, agnostics, and non-believers. The right to freedom of thought, conscience, religion or conviction is linked to the freedom of expression, of assembly and other important civil and political rights. FoRB is a litmus test of all human rights, because when the religious freedom is missing then other civil freedoms are missing as well. More www.foref-europe.org

  • Veľmoci by sa nemali báť pomenovať genocídu

    V  prípade genocídy na území ISIS môže byť nástup Donalda Trumpa za prezidenta USA nádejou na principiálnejší postoj tejto veľmoci v OSN.

    Vyše 84 % svetovej populácie vyjadruje svoju príslušnosť k náboženstvu (Pew Study Center Report, 2013). Ale sloboda náboženstva alebo viery nie je iba o nich. Je pre všetkých, keďže pokrýva ateistov, agnostikov, každého.

    Právo na slobodu myslenia, svedomia, náboženstva alebo presvedčenia sa viaže na slobodu prejavu, zhromažďovania a na ďalšie dôležité občianske a politické práva.

    Je lakmusovým testom základných ľudských práv. Pretože kde niet náboženskej slobody, tam chýbajú aj ďalšie občianske a politické práva.

    Sloboda náboženstva alebo viery (presvedčenia) nie je však spravidla realitou. Práve naopak, je pod veľkým tlakom a je na ústupe. Táto základná, univerzálna hodnota je v súčasnosti výrazne obmedzovaná alebo potieraná vo väčšine štátov sveta, v ktorých žije 74 % celkovej populácie (tamtiež).

    Mnohí diktátori, autokratické režimy a násilné skupiny sa usilujú o ovládanie ľudí. A náboženská sloboda je im v tom vážnou prekážkou. Zápas proti komunizmu v rámci Československa začal kulminovať po bratislavskom Veľkom piatku 1988, keď pokojná modlitbová sviečková manifestácia za náboženské a občianske práva bola brutálne potlačená štátnou mocou. Viac na postoj.sk

     

     

  • A Contribution in Commemoration of the Annual International Day of Religious Freedom-Century of Genocides: End or Continuity?

    untitledThis essential, universal human value is currently seriously restricted or attacked in the majority of the world’s countries and territories representing 74% of the total world population (Pew Study Center Report, 2013). The day also reminds people of the hard, long, often bloody road from serfdom, deep societal divisions, sectarian hatred, and violent oppression against efforts to form free, pluralist and tolerant societies respecting the rule of law, human rights and basic universal values. No society is the perfect role model in this, but we learn as we go. Many peoples, communities, leaders and governments in Europe, Asia, Africa, Americas, Australia and Oceania struggle to improve the quality of democracy, to embrace and care more about these principles and values. Many dictators, autocratic regimes and violent groups struggle in the opposite direction: they proclaim rule without law instead of the rule of law; the power over people instead of the service to people…

    While more than 84% of people in the world can be described as “religiously affiliated” (ibid.), FoRB is more widely applied. It is a fundamental freedom relevant for all, as it also covers the rights of atheists, agnostics, and non-believers. The right to freedom of thought, conscience, religion or conviction is linked to the freedom of expression, of assembly and other important civil and political rights. FoRB is a litmus test of all human rights, because when the religious freedom is missing then other civil freedoms are missing as well. More www.foref-europe.org

  • A Century of Genocides: Is Better Accommodation of Conscience an Answer?

    A Century of Genocides: Is Better Accommodation of Conscience an Answer?

    Restoring Religious Freedom Conference: Law, Religion, Equality, and Dignity November 6, 2016 Emory School of Law A Conversation between Ján Figel’, EU Special Envoy on Freedom of Religion or Belief, and W. Cole Durham, Founding Director of the International Center for Law and Religion Studies Moderator: Mark Goldfeder, Senior Lecturer, Emory University School of Law; Spruill Family Fellow in Law and Religion, Center for the Study of Law and Religion, Emory University; Director, Restoring Religious Freedom Project Sponsored by J. Reuben Clark Law Society, Religious Freedom Project