Category: Français

  • Pour apporter la paix dans le monde, la France doit défendre un plan Schuman 2.0

    Pour apporter la paix dans le monde, la France doit défendre un plan Schuman 2.0

    Robert Schuman et Jean Monnet à une conférence internationale pour présenter le plan Schuman en juin 1950. AFP

    FIGAROVOX/TRIBUNE – 75 ans après la déclaration Schuman qui a lancé la construction européenne, un nouveau plan de paix fondé sur la mise en place de marchés communs et une architecture de sécurité partagée s’impose, estiment les membres de la Fondation Clementy pour l’Héritage Schuman*.Passer la publicité

    La paix est une urgence stratégique et une opportunité civilisationnelle. Le 9 mai 1950 – il y a exactement 75 ans -, c’est la France, par le vénérable Robert Schuman et Jean Monnet, qui a créé une voie radicalement nouvelle : substituer la guerre par l’intérêt commun, grâce à la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. À l’époque, le geste de Schuman fut jugé insensé. Certains l’accusèrent de trahison. Il a pourtant fondé les bases de la paix et de la prospérité européennes. Dès 1943, Jean Monnet avait imaginé une Communauté incluant les États-Unis et l’Europe de l’Est, y compris la Russie. Schuman avait vu que ce modèle aurait pu servir d’instrument de prospérité pour les pays aspirant à la décolonisation. Une Communauté fondée sur des intérêts économiques partagés a vaincu les idéologies extrêmes, produit de la prospérité et bâti une paix durable.

    À découvrir

    Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, une nouvelle guerre ébranle l’Hémisphère nord. Tout le monde est en train de perdre cette guerre. Aujourd’hui comme en 1950, c’est le sens de l’Histoire, l’ambition de faire vaincre la dignité humaine, la sagesse et le courage qui feront vaincre la Paix. Un plan Schuman 2.0 s’impose à l’Hémisphère nord. Il s’agit d’utiliser ce que nous, Français et Européens, avons construit avec succès pour donner la paix et la prospérité à notre continent : bâtir une prospérité fondée sur des marchés communs et une architecture de sécurité partagée. D’Anchorage à Vladivostok, en passant par l’Europe et les pays d’Eurasie centrale.

    Nous appelons à la création de quatre marchés communs dans les domaines clés de l’avenir : l’énergie, les ressources naturelles, les technologies de l’information et la propriété intellectuelle. Ces domaines doivent aujourd’hui générer une émulation créatrice, constructive, au service de la prospérité et de la dignité de tous. Nous appelons également à une alliance dans la défense de l’Hémisphère nord, qui inclurait l’Amérique du Nord, l’Europe, la Russie, l’Ukraine et toutes les puissances euroasiatiques. La France et la Russie furent alliées pour aider les États-Unis d’Amérique lors de leur indépendance. Les États-Unis et la Russie furent alliés militaires de l’indépendance des États-Unis à 1953. La France, les États-Unis, le Royaume Uni et la Russie furent alliés pour terminer les deux guerres mondiales. Depuis les années 1990 jusqu’en 2018, la Russie a coopéré avec l’OTAN sur de multiples fronts, y compris dans les structures du commandement intégré de l’OTAN.Augmenter la pression sur la Russie doit aussi porter sur son obligation de contribuer de manière responsable et constructive à la sécurité et la prospérité de l’Hémisphère nord auquel elle appartiendra toujours

    Quelle serait la meilleure garantie de sécurité pour tous, que de responsabiliser la Russie dans un système de sécurité commune ? Augmenter la pression sur la Russie doit aussi porter sur son obligation de contribuer de manière responsable et constructive à la sécurité et la prospérité de l’Hémisphère nord auquel elle appartiendra toujours. Il appartient à la France et aux États-Unis de faire preuve d’un leadership audacieux et rassembleur. Cette fois, il s’agira d’élever tout l’Hémisphère nord à la hauteur de son potentiel. Car c’est bien cela l’enjeu : libérer la puissance de création de notre civilisation commune. L’Hémisphère nord peut et doit devenir l’espace de la prospérité pour tous, de la sécurité durable et d’un renouveau culturel de chaque nation, enraciné dans la dignité humaine.

    À lire aussi «L’Europe devrait contribuer au plan de paix américain plutôt que de le contrarier par susceptibilité» 

    Ce projet redonnerait à la France – et à l’Europe – son rôle d’architecte de la paix et d’une prospérité retrouvée. Comme en 1950, ce qui semble impossible peut devenir réalité, si nous avons le courage de penser à la hauteur de ces français Schuman et Monnet qui ont fait la prospérité de l’Europe. C’est une conviction fondée sur l’Histoire et sur la volonté de donner aux générations futures un monde habitable, libre et digne. Pour faire taire les armes, il nous faut aujourd’hui un projet réconciliateur, porteur de la certitude de prospérité pour tous.

    Avec ce projet immédiatement activable, l’Ukraine retrouvera l’intégralité de son territoire en paix, sera reconstruite par tous, portés par les techniques de Schuman et Monnet, portés par la même ambition : refaire de notre civilisation un lieu de prospérité, d’inclusion, de créativité, d’abondance. Aujourd’hui comme par le passé, les territoires ne seront plus un enjeu de guerre, ils deviendront le symbole de notre renaissance. Aujourd’hui, l’Ukraine peut devenir le lieu d’une paix qui fera renaître la prospérité pour tous. La France a porté la paix hier. Elle peut l’apporter aujourd’hui.


    *Signataires : Son Excellence Sheikh Abdallah Al Mahfoud bin Baya (secrétaire général du Forum de la paix d’Abu Dhabi, président du Comité des sociétés religieuse et civile sur l’éthique de l’IA) ; Mgr. Bernard Ardura (président émérite du comité pontifical pour les sciences historiques) ; Bertrand Demole (membre du bureau des directeurs de Pictet Alternative Advisors) ; Jàn Figel (ancien commissaire européen, ancien vice-président du gouvernement slovaque) ; Son Excellence Nikolaus von Liechtenstein (ancien ambassadeur à l’Union européenne, ancien ambassadeur au Vatican) ; Pierre Louvrier (président de la Clementy Schuman Legacy Foundation) ; Henri Malosse (président de l’Association Jean Monnet, ancien président du Comité économique et social européen) ; Alberto Michellini (journaliste présentateur à la RAI, ancien député aux parlements européen et italien) ; Maria Grazia Ricciardi (avocate à Supreme Court of Italy’s Bar Association, partenaire sénieur à CPR) ; Michael Schumann (président du Bundesverband für Wirtschaftsförderung und Ausenwirttßchaft Global Economic Network).

    https://www.lefigaro.fr/vox/monde/pour-apporter-la-paix-dans-le-monde-la-france-doit-defendre-un-plan-schuman-2-0-20250509

  • La quête tranquille de la vérité : la mission de Jan Figel pour la liberté religieuse

    La quête tranquille de la vérité : la mission de Jan Figel pour la liberté religieuse

    Portrait dans la foi Jan Figel a l’allure d’un homme qui n’est ni pressé ni facilement déstabilisé. Il porte en lui l’assurance tranquille de celui qui a passé des décennies à mener des négociations complexes, à façonner des cadres délicats et à défendre, discrètement mais fermement, ceux dont la voix a été réduite au silence. En tant qu’envoyé spécial de l’Union européenne pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction, Figel est devenu un pilier dans le domaine souvent controversé et complexe des droits religieux internationaux. Son œuvre, marquée non par la rhétorique mais par l’action pragmatique, témoigne de la puissance d’une diplomatie durable et fondée sur des principes face aux plus grandes injustices du monde.

    Né en Slovaquie, Figel a grandi dans une Europe à la croisée des chemins, où les forces de l’histoire, de la religion et de la politique s’entrechoquaient et où l’aspiration à davantage de libertés individuelles venait tout juste d’émerger de l’ombre du joug soviétique. C’est dans ce contexte qu’il a développé très tôt un intérêt pour les droits de l’homme, en particulier la liberté religieuse, une préoccupation qui allait guider sa vie professionnelle. Après des études à l’Université de Bratislava et l’obtention d’un diplôme de droit, la voie de Figel vers la politique et la diplomatie s’est imposée comme une évidence, car son sens de la justice et sa conviction du droit fondamental de chacun à suivre sa conscience étaient au cœur de sa personnalité.

    À la fin des années 1990, la Slovaquie sortait de décennies de régime totalitaire soviétique, et Jan Figel s’est impliqué dans le système politique slovaque alors que le pays naviguait vers son indépendance nouvellement acquise. Le début de sa carrière politique a été marqué par sa détermination à contribuer à l’édification d’une société où la liberté d’expression et la liberté de croyance seraient des droits fondamentaux, et non des privilèges ou des anomalies. Pour Figel, la liberté religieuse a toujours dépassé les limites étroites de la foi personnelle ; pour lui, il s’agissait de l’architecture même d’une société libre, de la création d’un espace public où chacun pourrait s’exprimer sans crainte de persécution ou de discrimination.

    Jean FigelSon profond engagement envers ces idéaux l’a propulsé sur la scène européenne en 2004, lorsque la Slovaquie a rejoint l’Union européenne. Son ascension a été fulgurante et il a rapidement été nommé ministre slovaque des Transports, des Postes et des Télécommunications. Cependant, son dévouement aux droits de l’homme est resté inébranlable, même dans un rôle qui l’obligeait à se concentrer sur les infrastructures. Lorsque l’occasion s’est présentée de plaider en faveur de plus grandes libertés religieuses sur la scène européenne, il s’est retrouvé à nouveau attiré par le débat mondial sur la liberté religieuse.

    En 2016, après avoir été vice-Premier ministre de la Slovaquie et figure emblématique de la diplomatie européenne, Figel a été nommé envoyé spécial de l’Union européenne pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction. À ce titre, il a joué un rôle à la fois de défenseur et de médiateur, naviguant dans des eaux internationales délicates où les libertés religieuses sont menacées par des régimes autoritaires, des idéologies radicales et une intolérance croissante.

    Au cœur du travail de Figel se trouve la conviction que la liberté religieuse est inextricablement liée à la santé de la démocratie elle-même. Dans les pays où les droits religieux sont menacés, ce n’est pas seulement la foi qui en pâtit, mais le tissu social tout entier. Privés de la possibilité de croire librement, privés de l’espace nécessaire pour pratiquer et exprimer ouvertement leur foi, les individus sont privés d’un aspect essentiel de leur humanité. C’est cette conviction qui a fait de Figel un défenseur infatigable des droits des communautés religieuses minoritaires, en particulier dans les régions où ces communautés sont les plus vulnérables.

    Son approche de la diplomatie est unique. Tandis que d’autres crient ou font appel à l’émotion, la méthode de Figel s’apparente davantage au travail patient d’un médiateur. Il a toujours été quelqu’un qui recherche un terrain d’entente, qui recherche les occasions de construire des ponts plutôt que d’abattre des murs. Dans les couloirs des Nations Unies, lors des conférences de défenseurs de la liberté religieuse ou lors des rencontres avec des diplomates étrangers, la voix de Figel est calme mais ferme, posée mais inébranlable. Ce n’est pas un homme politique qui cherche à dominer le débat, mais plutôt quelqu’un qui comprend que les meilleurs résultats sont souvent ceux obtenus discrètement, par des négociations réfléchies et un engagement envers des valeurs communes.

    L’une des réalisations les plus marquantes de Jan Figel en tant qu’envoyé spécial de l’UE a été son plaidoyer en faveur des minorités religieuses persécutées au Moyen-Orient. La région a connu une montée des violences contre les groupes religieux, en particulier contre les chrétiens, les yézidis et d’autres sectes plus petites, avec l’enracinement des idéologies extrémistes. Figel a porté ces questions à l’attention de la communauté internationale, exhortant les dirigeants européens à prendre position en faveur des minorités religieuses. Ce faisant, il s’est révélé être non seulement un défenseur, mais aussi un traducteur des souffrances du monde, les faisant entrer dans les sphères du pouvoir, veillant à ce que ceux qui sont souvent négligés ne soient pas oubliés.

    Mais l’influence de Figel s’étend au-delà du Moyen-Orient. Il a également œuvré sans relâche pour promouvoir la liberté religieuse au sein de l’Union européenne, veillant à ce que les lois et les politiques de l’UE respectent le droit des individus à pratiquer leur foi sans crainte de discrimination. La montée du populisme et du nationalisme en Europe a engendré un climat croissant de suspicion et d’intolérance, les minorités religieuses se trouvant de plus en plus marginalisées. Le travail de Figel dans ce domaine a joué un rôle déterminant pour repousser ces forces, rappelant aux dirigeants européens que la liberté religieuse n’est pas un concept abstrait, mais un pilier fondamental des valeurs de l’UE.

    Il a également joué un rôle essentiel dans l’établissement et la promotion du dialogue interreligieux, reconnaissant que la véritable liberté religieuse ne se limite pas aux droits légaux, mais qu’elle favorise un environnement de respect et de compréhension mutuels. Figel a été un fervent défenseur du développement des relations entre personnes de confessions différentes, convaincu que le dialogue et la coopération permettent de trouver un terrain d’entente, même entre les croyances les plus divergentes. Dans un monde de plus en plus divisé par des clivages idéologiques et religieux, l’œuvre de Figel rappelle que la paix ne naît pas de l’absence de désaccord, mais de la volonté de dialoguer et de rechercher la compréhension malgré lui.

    Malgré la gravité de son travail, Figel demeure une figure profondément humble. Son attitude est loin du profil typique d’un diplomate ou d’un dirigeant politique. Ses actions sont dénuées de toute grandiloquence ; il semble plutôt plus soucieux des résultats de ses efforts que de leur visibilité. Il est connu pour son écoute attentive, sa capacité à percevoir les non-dits et sa persévérance discrète face aux résistances. Cette humilité, alliée à son engagement indéfectible en faveur des droits humains, lui a valu le respect et l’admiration de ses collègues, même de ceux qui sont en désaccord avec lui sur d’autres sujets.

    En se décrivant lui-même, Jan Figel a dit un jour : « Je suis un homme humble et faible au service de Dieu et de mon prochain. » Cette affirmation résume l’essence de sa personnalité : un homme dont le service aux autres ne résulte pas d’un désir de reconnaissance ou de pouvoir, mais d’une conviction profonde et inébranlable en l’importance de servir quelque chose de plus grand que soi. C’est cette humilité qui a façonné toute son approche de la liberté religieuse : il ne se considère ni comme un héros ni comme un sauveur, mais comme un serviteur, œuvrant discrètement pour la justice, sans tambour ni trompette.

    Pour Figel, la liberté religieuse n’est pas un idéal abstrait, mais une question de vie quotidienne. C’est une cause à laquelle il a consacré sa vie, qu’il poursuit avec une intensité discrète souvent négligée dans un monde qui privilégie le spectacle au contenu. Son travail ne vise pas la gloire ou le pouvoir, mais vise à garantir que chacun, partout dans le monde, puisse vivre selon ses convictions les plus profondes – sans peur, sans répression et sans violence.

    Aujourd’hui, Figel demeure convaincu que la liberté religieuse est essentielle non seulement à l’épanouissement des individus, mais aussi à l’avenir de la société. Son travail continue de façonner les contours de la politique européenne en matière de liberté religieuse, tout en œuvrant discrètement en coulisses pour soutenir ceux dont les droits sont menacés.

    S’engager auprès de Jan Figel, c’est rencontrer quelqu’un dont les valeurs ne dépendent pas des vents politiques du moment, mais d’une compréhension plus profonde des luttes mondiales persistantes. Sa diplomatie est fondée sur des principes, non sur des postures ; sur des convictions, non sur des convenances. Dans un monde où règne le bruit, la détermination tranquille de Figel rappelle avec force que la quête de la vérité, de la justice et de la liberté religieuse est un chemin qui exige patience, courage et, surtout, la conviction inébranlable que ces valeurs peuvent et doivent être défendues.

    En fin de compte, l’œuvre de Jan Figel ne vise pas la réussite personnelle ou la reconnaissance. Il s’agit de créer un monde où les personnes de toutes confessions, origines et croyances puissent vivre en liberté et en dignité. Et dans cette quête silencieuse, il continue de construire, brique après brique, un monde plus juste et plus pacifique pour les générations futures.

    https://europeantimes.news/fr/2025/04/the-quiet-pursuit-of-truth-jan-figels-mission-for-religious-freedom

  • Éducation islamiste au Pakistan : l’Union européenne épinglée pour son financement à coup de millions d’euros d’un système contraire à ses propres valeurs

    Entre 2016 et 2024, l’Union européenne a versé plus de 150 millions d’euros pour soutenir l’éducation au Pakistan. Un soutien financier massif aujourd’hui remis en question, tant le système éducatif pakistanais, fondé sur l’idéologie islamiste et l’intolérance, contrevient aux principes mêmes que prétend défendre Bruxelles.

    C’est à l’occasion de la 58e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à Genève, qu’un rapport édifiant a été présenté, jetant une lumière crue sur la manière dont des fonds européens ont alimenté, sous couvert d’aide au développement, la propagation d’un enseignement hostile à la liberté religieuse, aux minorités et à la pluralité des idées.

    Un rapport accablant pour Bruxelles

    Le rapport, intitulé Pakistan, système éducatif, programme scolaire et financement de l’UE, rédigé par la fondation Sallux/ECPM (Mouvement politique chrétien européen), s’appuie sur plus de 40 pages de manuels scolaires pakistanais. Il met en évidence une réalité glaçante : l’éducation nationale pakistanaise enseigne une idéologie fondée sur la suprématie islamique, marginalisant les minorités religieuses et réprimant la pensée critique, au mépris des droits fondamentaux.

    Parmi les exemples cités, celui du professeur Sher Ali, contraint par des mollahs à renier publiquement certaines notions scientifiques comme la théorie de Darwin, jugées contraires à l’islam. Victime d’un attentat à la bombe en 2022, il est désormais en fauteuil roulant.

    Une hypocrisie européenne dénoncée

    Depuis 2014, le Pakistan bénéficie du programme GSP+, qui lui permet d’exporter massivement vers l’UE en franchise de droits de douane, à condition de respecter 27 conventions internationales sur les droits humains. Or, selon les intervenants, ces engagements ne sont absolument pas tenus.

    « Le Pakistan est le premier bénéficiaire du GSP+, mais ses violations des droits humains persistent depuis une décennie », a dénoncé Ján Figeľ, ancien commissaire européen et envoyé spécial pour la liberté religieuse. Il appelle à une révision en profondeur du partenariat.

    Même son de cloche du côté de Willy Fautré, directeur de Human Rights Without Frontiers : « Ce que l’Union européenne finance n’est pas de l’éducation, c’est de la coercition idéologique. En continuant à verser des fonds sans condition, elle trahit les principes qu’elle prétend incarner. »

    Une éducation utilisée comme outil d’endoctrinement

    Le cœur du problème réside dans le programme national unique (SNC), imposé en 2020 dans toutes les écoles publiques pakistanaises. Ce programme impose une islamisation de l’ensemble des matières, y compris les mathématiques et les sciences. Il exclut les autres religions, renforce l’endoctrinement islamique et accentue les divisions communautaires.

    Le rapport évoque également la prolifération des madrassas, ces écoles coraniques largement incontrôlées par l’État, où l’enseignement est souvent extrémiste et hostile aux valeurs occidentales.

    Au-delà du système éducatif, c’est l’ensemble de la politique européenne vis-à-vis du Pakistan qui est mise en accusation. Inna Chefranova, directrice de la European Facilitation Platform, a rappelé le cas tragique d’Arzoo Raja, une jeune catholique de 13 ans enlevée, convertie de force à l’islam et mariée à un homme bien plus âgé, avec la bénédiction de la justice pakistanaise.

    « L’UE ne peut continuer à offrir des avantages commerciaux sans condition. Le silence européen cautionne l’oppression », a-t-elle martelé.

    Même Bert-Jan Ruissen, eurodéputé et coprésident du groupe interparlementaire sur la liberté religieuse, a dénoncé la complicité implicite de Bruxelles. Il a révélé que des fonds européens ont même été versés à des séminaires religieux, et appelle désormais à une action parlementaire.

    L’enseignement promu au Pakistan ne s’arrête pas aux frontières du pays. À travers l’immigration, une partie de cette idéologie importée prolifère sur le sol européen. En tolérant, voire en finançant ces dérives, l’Union européenne prend le risque d’alimenter, à terme, l’islamisation de ses propres sociétés.

    Crédit photo : DR (photo d’illustration)
    [cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

    Original link: https://www.breizh-info.com/2025/04/27/246375/education-islamiste-au-pakistan-lunion-europeenne-epinglee-pour-son-financement-a-coup-de-millions-deuros-dun-systeme-contraire-a-ses-propres-valeurs/

  • Nous avons besoin d’un ‘changement climatique’ dans les questions relatives à la liberté religieuse

    Interview avec Ján Figel’, ancien envoyé spécial de l’Union européenne pour la liberté de religion

    Pour la deuxième fois depuis son introduction en 2019 par les Nations unies, la « Journée internationale pour les minorités religieuses victimes de violences » a été célébrée le 22 août. Le bilan sur la situation des personnes persécutées dans le monde entier en raison de leur religion est loin d’être positif. L’œuvre internationale de bienfaisance catholique L’Aide à l’Église en Détresse (AED) s’est entretenue avec l’homme politique slovaque Ján Figel’, dont le mandat de délégué spécial de l’UE pour la liberté de religion a récemment pris fin.

    Attention: la traduction française n’a pas été corrigée

    Que pensez-vous de la Journée internationale pour les victimes de violences en raison de leur religion ?

    La Journée internationale pour les victimes de la persécution religieuse est d’une grande importance dans le calendrier des commémorations internationales parce que ces victimes de persécution religieuse sont nombreuses, elles se chiffrent par centaines de millions de personnes. La persécution en raison de la religion augmente dans le monde et beaucoup de millions d’autres personnes sont discriminées pour cela. Il est extrêmement douloureux qu’aujourd’hui encore, il y ait en ce monde des victimes de véritables génocides. Par le passé, la liberté de culte avait souvent été négligée, ignorée ou à peine considérée dans les accords internationaux, mais de nos jours, la liberté de religion et de culte représente l’épreuve décisive pour l’état véritable des droits de l’être humain.

    Quelle pourrait être la meilleure manière de commémorer cette journée ?

    Les témoignages de survivants de persécutions religieuses sont extrêmement importants. Des manifestations, des conférences, des séances en lignes, des séminaires et des webinaires ont été organisés. Tous ces événements devaient servir en premier lieu à aiguiser notre conscience de l’importance de la liberté de culte pour tous les êtres humains et de nous souvenir des victimes de la persécution religieuse. Car ceux qui perdent la mémoire perdent aussi leur identité et leur orientation. Ensuite, il est primordial de ce concentrer sur une éducation prônant la coexistence dans la diversité, car vivre ensemble représente tellement plus que d’exister côte à côte. Et enfin, les États et les autorités nationales doivent promouvoir la justice et l’équité pour tous, qui engendrent la paix. Les mêmes droits civiques pour tous, par exemple, sont une expression formidable d’égalité pour tous, autant pour la majorité de la société que pour les minorités.

    Quelles sont les expériences que vous avez vécues lors de votre jeunesse dans un pays communiste, sous le régime soviétique de l’ancienne Tchécoslovaquie ?

    J’ai passé la moitié ma vie sans être libre. C’était vraiment une situation inhumaine et des temps très difficiles. Je m’appelle Ján Figel’ comme mon oncle, le frère de mon père. Dans les années 1950,il a été assassiné par les services secrets de l’ancien État staliniste qu’était la Tchécoslovaquie. La liberté est une forme d’expression de la dignité humaine, et celle-ci constitue le fondement de tous les droits de l’homme. Renier la liberté de l’être humain revient donc à renier la dignité humaine.

    Pourquoi est-il important de protéger la liberté de religion ?

    La liberté de religion et de culte marque le degré de liberté le plus élevé. Elle est définie comme liberté de religion, de culte et de conscience. Elle est donc d’égale importance autant pour les croyants que pour les non-croyants. C’est un droit humain central et un droit de grande envergure, puisqu’il est lié à la liberté d’expression, la liberté d’opinion, de réunion et de rassemblement. Si la liberté de religion est supprimée, d’autres droits et libertés seront également supprimés. Voilà pourquoi nous devons plus que jamais veiller à protéger la liberté de religion, pas seulement parce qu’elle touche aussi d’autres droits fondamentaux, mais parce qu’elle constitue le test décisif pour tous les autres droits de l’être humain.

    Comment pouvons-nous protéger la liberté de religion et les êtres humains qui sont persécutés à cause de leur foi ?

    C’est notre devoir de protéger les victimes de la persécution. Il est de notre responsabilité humaine, mais c’est aussi dans l’intérêt fondamental de tous. Nous devons mieux prendre conscience de l’importance de la liberté de religion. Les médias devraient consacrer beaucoup plus d’informations à ces situations et thématiques. Il est de notre responsabilité de donner une voix à tous ceux qui n’en ont pas et ne peuvent pas se défendre. Je souhaiterais en appeler à la communauté internationale : Le monde a besoin aujourd’hui d’un « changement climatique » des questions autour de la liberté de religion, car la situation se présente très négative et empreinte de souffrances. Dans le monde entier, des millions de personnes souffrent de la persécution religieuse, et la tendance est très inquiétante. Ces deux faits gravissimes devraient éveiller au sein de la communauté internationale une plus grande conscience du respect de la liberté de religion et de la nécessité de défendre la dignité humaine pour tous les êtres humains, dans le monde entier.

    Interview avec Ján Figel’, 31.08.2020 / Journée internationale pour les minorités religieuses victimes de violences par Josué Villalón

  • Asia Bibi sort de son silence

    Asia Bibi sort de son silence

    Asia Bibi vit au Canada depuis sa libération, dans un endroit tenu secret, par crainte de représailles de la part de fondamentalistes musulmans. Cette femme catholique, qui a passé des années dans le couloir de la mort après une accusation de « blasphème contre l’islam », s’est confiée le 31 août 2019 sur ses conditions de détention.

    Dans son tout premier entretien avec un journal, elle a confié au Sunday Telegraph quel était son désarroi après sa condamnation à mort : « parfois, je perdais courage et me demandais si je sortirais de prison ou non, que se passerait-il ensuite, si je resterais ici toute ma vie », a-t-elle expliqué.

    Mais pas question pour elle de montrer sa tristesse à ses proches : « lorsque mes filles me rendaient visite en prison, je n’ai jamais pleuré devant elles, mais après leur départ, je pleurais seule, pleine de douleur et de chagrin ».

    Asia Bibi parle de sa peine d’avoir été contrainte de quitter sa patrie, confiant son désir de quitter le continent américain afin de s’installer dans un pays d’Europe.

    Selon le département d’Etat américain, il existerait au moins 77 autres personnes détenues au Pakistan en vertu de lois sur le blasphème. L’inculpation peut théoriquement entraîner la peine de mort, mais cette peine n’a pas besoin d’être appliquée par un représentant de l’Etat, car les procès se terminent souvent par un lynchage collectif.

    L’un des diplomates européens qui a contribué à négocier le départ d’Asia Bibi du Pakistan, le slovaque Jan Figel, a évoqué dans les colonnes du Sunday Telegraph « une femme admirablement courageuse, une mère aimante qui avait refusé d’abandonner sa foi chrétienne en échange d’une liberté immédiate », comme elle aurait pu le faire en apostasiant. Mais la foi l’a emporté.

    https://fsspx.news/fr/asia-bibi-sort-de-son-silence-50503

  • Asia Bibi : une « vidéo » où elle s’exprime pour la première fois (vidéo)

    Asia Bibi : une « vidéo » où elle s’exprime pour la première fois (vidéo)

    Depuis le 8 septembre dernier, une vidéo circule sur les réseaux sociaux, présentée comme la première jamais réalisée sur et/ou par Asia Bibi. Ce n’est pas à proprement parler une vidéo d’Asia Bibi même si c’est bien sa voix que l’on entend pour la toute première fois. La « vidéo », car s’en est une, ne montre pas Asia Bibi mais un plan de 2 minutes et 1 seconde montrant des graviers. De quoi s’agit-il ? Très certainement d’une partie des déclarations qu’elle a faites oralement en ourdou à The Sunday Telegraph qui en a tiré la substance d’un long article publié le 31 août dernier, et que j’ai traduit pour le n° 8 de Chrétiens Persécutés qui va paraître dans les tout prochains jours. Elle y exprime sa foi profonde, sa confiance en Jésus et appelle à traiter avec justice et bienveillance ceux qui ont été condamnée pour “blasphème”. La vidéo ci-dessous est très émouvante, ne serait-ce que parce que c’est la première fois qu’on entend Asia Bibi parler… La traduction en français de ce qu’elle dit, suit immédiatement la vidéo.


    « Moi, Asia Bibi, fille de Salamat Masih, j’ai foi en Jésus, et aujourd’hui je veux déclarer une chose au monde : c’est que je n’ai rien fait de mal pour mériter ce dont j’ai souffert pendant dix ans. J’ai été emprisonnée dans le couloir de la mort, j’ai été accusée de blasphème et j’ai donc [ici Asia Bibi semble utiliser le mot anglais so] obtenue ma liberté de Jésus mais je n’ai jamais laissé ma foi s’affaiblir. Mai foi est suffisamment forte pour vouloir demander à toutes vos religions de ne pas s’éloigner de vos croyances, et au monde entier mon message est le même à tout le monde : je vous en prie [ici Asia Bibi utilise le mot anglais please], demeurez fidèles à vos croyances même si vous devez affronter l’épée, je vous en prie tenez-vous en fermement à votre foi même si vous devez tout sacrifier. Je veux éclaircir une chose, c’est que je n’ai jamais rien fait de mal, mais je demande au monde entier de ne prendre aucune mauvaise décision faute de réfléchir. D’abord écoutez-le ou écouter-la puis prenez votre décision. Et quant aux personnes qui se trouvent dans le couloir de la mort sur accusation de blasphème, je vous en prie [please] soyez positifs envers elles et soyez positifs pour elles, allez les voir et écoutez-les. Je suis une Pakistanaise et le Pakistan est mon pays » [la “vidéo’” s’arrête ici brutalement].

    https://www.christianophobie.fr/carte/asia-bibi-une-video-ou-elle-sexprime-pour-la-premiere-fois-video

  • Workshop : Promouvoir la liberté de religion – Les Récréâtrales au Burkina Faso en 2018

    Workshop : Promouvoir la liberté de religion – Les Récréâtrales au Burkina Faso en 2018

    Workshop : Promouvoir la liberté de religion ou de conviction et le respect de la diversité: le rôle des arts et de la culture. Festival Les Récréâtrales de Ouagadougou, Burkina Faso, Octobre 2018

  • Soudan : le pasteur Hassan et l’étudiant Abdumonem libérés !

    Soudan : le pasteur Hassan et l’étudiant Abdumonem libérés !

    Le 11 mai au Soudan, Abdumonem Abdumawla et le pasteur Hassan Abduraheem Taour sont sortis de prison à la faveur d’une grâce présidentielle.

    Abdumonem et Hassan sont libres ! Après avoir été graciés par le président Omar El-Béchir, ils ont quitté leur prison de Khartoum il y a quelques jours pour retrouver leur famille. Jan Figel, envoyé spécial pour la promotion de la liberté de religion et de conviction en dehors de l’Union Européenne, était intervenu en leur faveur en mars dernier lors d’une visite dans la capitale soudanaise.

    Leur libération fait suite à celle de Petr Jasek intervenue le 26 février, sur ordre du président El-Béchir.

    Incitation à la haine

    Les 3 hommes avaient été arrêtés en même temps en décembre 2015. L’humanitaire tchèque Petr Jasek avait été accusé d’espionnage, Abdumonem et Hassan de l’avoir aidé.

    Leur cas s’était aggravé en janvier, quand le tribunal avait ajouté à leur dossier deux nouveaux chefs d’accusation, celui d’incitation à la haine entre groupes religieux et celui de diffusion de fausses informations. Les 3 chrétiens avaient alors été condamnés respectivement à 23 ans et à 12 ans de prison.

    Une persécution toujours plus forte

    Cette libération est une nouvelle encourageante pour les chrétiens soudanaisalors que la persécution ne cesse de s’intensifier dans le pays.

    Le Soudan occupe la 5ème place de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2017 établi par Portes Ouvertes, alors qu’il n’était que 8ème en 2016.

    Légende photo : Abdumonem Abdumawla et le pasteur Hassan Abduraheem Taour enfin libres

    Sujets de prière :

    • Remercions Dieu pour cette libération,
    • Prions pour les chrétiens soudanais encore en prison,
    • Prions pour le témoignage des chrétiens dans une société soudanaise de plus en plus radicalisée.

    Source: https://www.portesouvertes.fr/informer/lettres-de-nouvelles/filrouge/2017/mai/soudan-le-pasteur-hassan-et-l-etudiant-abdumonem-et-liberes

  • Un siècle de génocide, suite ou fin ?

    Un siècle de génocide, suite ou fin ?

    La journée internationale de la liberté de religion, célébrée tout récemment (le 27 octobre), nous rappelle que la liberté de religion ou de conviction n’est ni une réalité qui va de soi, ni, globalement, une tendance internationale qui a le vent en poupe.

    Bien au contraire, la tendance est négative. Cette valeur humaine universelle, essentielle, est actuellement sérieusement limitée, voire battue en brèche, dans une majorité de pays et de territoires de la planète, représentant 74 % de la population totale (selon le rapport du Pew Study Center pour 2013).

    Pour en savoir plus : le Rapport 2016 sur la liberté religieuse dans le monde

    La journée internationale rappelle aussi à tout un chacun combien la route a été difficile, longue, souvent sanglante, depuis l’époque du servage, celle où la société était divisée par de profonds fossés, où régnaient la haine sectaire et l’oppression violente, jusqu’à l’émergence de sociétés libres, pluralistes et tolérantes, respectant l’État de droit, les droits de l’homme et les valeurs universelles fondamentales. Aucune de ces sociétés n’est un modèle parfait, mais nous apprenons chemin faisant. De nombreux peuples, communautés, dirigeants et gouvernements, qu’ils se trouvent en Europe, en Asie, en Afrique, dans les Amériques, en Australie ou en Océanie, luttent pour accroître la qualité de la démocratie et améliorer l’acceptation et la préservation de ces principes et de ces valeurs. De nombreux dictateurs, régimes autocratiques et groupes violents luttent, eux, dans un but opposé: pour un État sans droit plutôt que pour l’État de droit, pour imposer leur loi au peuple plutôt que pour se mettre à son service…

    Liberté de religion pour la dignité

    Bien que plus de 84 % de la population mondiale puisse être qualifiée d’«affiliée à une religion» (ibid), la liberté de religion ou de conviction ne concerne pas qu’eux. C’est une liberté dont nous profitons tous, puisqu’elle couvre les athées, les agnostiques, tout le monde. Le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction est lié à la liberté d’expression, à la liberté de réunion et à d’autres droits civils et politiques importants. C’est un indicateur très parlant de l’état de tous les droits de l’homme. En effet, lorsque la liberté de religion fait défaut, d’autres libertés civiles sont également absentes. La culture de la dignité humaine est inconcevable sans la liberté de religion ou de conviction.

    Dans ma patrie, la Slovaquie, alors appelée la Tchécoslovaquie, la lutte pour renverser le régime totalitaire communiste a atteint son apogée après le Grand vendredi de Bratislava en 1988, lorsque la manifestation pacifique sur fond de prières, organisée par des citoyens au centre de la capitale pour demander qu’on leur reconnaisse des droits civils et religieux, a été brutalement dispersée par les forces de l’ordre. À partir de ce moment-là, la vague qui a abouti à la révolution de velours et au bouleversement politique de 1989 est devenue impossible à arrêter.

    L’engagement des chefs religieux pour la paix

    La liberté a toujours un objectif et elle ne peut survivre sans une responsabilité partagée. C’est pourquoi, à mes yeux, les revendications pour une plus grande liberté religieuse sont implicitement liées à l’engagement actif des communautés et de leurs chefs religieux en faveur de la paix, de la justice, du vivre-ensemble et de la solidarité. Nous en avons bien besoin, en ce XXIe siècle. Depuis l’extermination systématique de 1,5 million d’Arméniens en 1915-16, le premier génocide reconnu du XXe siècle, l’humanité a connu d’autres horreurs similaires, pour des motifs religieux, raciaux, nationaux ou ethniques, dans bien des endroits du monde – dans les camps de concentration nazis ou soviétiques, les goulags et les fosses communes, au Cambodge, au Rwanda, en Bosnie… «Jamais plus !»: la promesse du Tribunal de Nuremberg en 1946 a été brisée à plusieurs reprises, encore et encore. Nous avons trop souvent abandonné, rompu notre engagement à prévenir les génocides et les traitements inhumains. En réalité, ce sont des gens dans le besoin que nous abandonnons, ceux qui sont persécutés à cause de leur religion, de leur conviction, de leur race, de leur appartenance ethnique – de leur identité humaine.

    Humaniser ce siècle!

    Meurtre, torture, esclavage, enlèvement, viol ou persécution: toutes ces atrocités que subissent actuellement, systématiquement, les minorités religieuses et ethniques dans les territoires dominés par Daech se résument finalement à un seul et même crime: un génocide. Telle est l’opinion vigoureusement défendue par les organes parlementaires du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne, des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Australie, ainsi que par d’autres institutions et organisations. Une question alarmante et particulièrement actuelle se pose alors: ce siècle de génocides doit-il prendre fin ou continuer? Après les chrétiens, les yézidis, les chiites, et quelques autres communautés en Irak et en Syrie, qui sera sur la sellette la prochaine fois, quel groupe, quel territoire ?

    La réponse à cette question est cruciale et s’engager est essentiel. Comme bien d’autres, je suis convaincu qu’un siècle meilleur est possible. Nous avons l’obligation morale d’améliorer, d’humaniser ce siècle! Si nous voulons avancer de concert dans une ère meilleure, plus pacifique, nous devons enrayer cette tendance à la répétition, ces recrudescences d’inhumanité. En d’autres termes, nous devons mettre fin à la persécution des innocents, aider les victimes privées de parole et de moyens de défense et traduire les criminels en justice. L’ignorance, l’indifférence et la peur aident les fanatiques et les criminels: notre silence meurtrit les victimes.

    Génocides et autres atrocités au nom de la religion

    Hormis la persécution sous forme de génocide, il existe bien d’autres formes d’oppression religieuse: les lois anti-blasphème, les lois anti-conversion, la violence sectaire, les régimes totalitaires qui s’efforcent de supprimer les manifestations religieuses et la liberté de conscience et de conviction dans l’intérêt de leur idéologie et de l’uniformité. Marx et Lénine détestaient la religion, la considérant comme l’«opium de l’humanité». Et ils avaient créé leur propre «religion», une idéologie nouvelle, coercitive et militante. Les grands dictateurs des dernières décennies – Hitler, Staline, Mao Zedong, Pol Pot – ont aussi violemment réprimé la liberté de religion et de conviction.

    Combattre l’ignorance

    Nous ne pouvons pas comprendre ce qui se passe dans le monde sans comprendre les religions, y compris l’utilisation abusive qui en est faite (par les terroristes islamistes par exemple). Sans cela, nous ne pouvons pas non plus trouver de thérapie efficace.

    Promouvoir la liberté de religion ou de conviction et l’éthique de la responsabilité, éduquer à vivre dans la diversité: telle est la meilleure manière de réagir au fondamentalisme religieux, à l’extrémisme violent et au terrorisme. Si nous arrachons sans relâche les racines de l’ignorance, de l’indifférence et de la peur, la culture de la dignité humaine pour tous et partout pourra croître et porter ses fruits, durant notre siècle.

    L’article est disponible ici:

  • Agir pour la liberté de religion est une obligation morale

    Propos recueillis par FOREF Europe auprès du Dr Ján Figel, Envoyé spécial de l’UE pour la promotion de la Liberté de religion ou de conviction

    Vienne, 03/08/2016 (FOREF Europe) – Pendant son court séjour à Vienne, Ján Figel, premier Envoyé spécial pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction en dehors de l’Union européenne, a rencontré Peter Zoehrer, directeur exécutif de FOREF Europe. M. Figel a été précédemment Vice-Premier ministre de la Slovaquie et Commissaire européen. Nommé le 6 mai 2016 par Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, il va s’attacher à relever certains défis parmi les plus cruciaux auxquels l’Europe est confrontée aujourd’hui : la quête de la liberté religieuse, la radicalisation et le dialogue interculturel.

    FOREF Europe : Dr Ján Figel, félicitations pour votre nomination en tant qu’Envoyé spécial pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction. Merci de donner au Forum pour la liberté religieuse en Europe (FOREF) l’occasion de vous interviewer. Tout d’abord, nous serions intéressés de savoir ce que la liberté de religion ou de conviction (FoRB) signifie pour vous.

    Ján Figel : Avant que nous puissions clarifier la question de la liberté religieuse, permettez-moi d’expliquer ma compréhension de la notion de liberté en général. La liberté est toujours ancrée à la fois dans les valeurs morales et les droits de l’homme. On ne peut réaliser et maintenir une société libre que sur la base de valeurs morales partagées. Le philosophe anglais John Locke avait déjà vu la différence entre la liberté et la licence. Alors que la liberté est la liberté de faire ce que nous devons faire, la licence est la liberté de faire ce que nous voulons faire. Dans un esprit similaire, Benjamin Franklin a déclaré que « Seul un peuple vertueux est capable de liberté. » Bien avant la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, George Washington avait réalisé que « Les droits humains ne peuvent être assurés que chez un peuple vertueux. » En d’autres mots, il ne peut y avoir de liberté et de droits de l’homme sans certaines obligations morales et sans engagements sincères.

    En élargissant maintenant cette compréhension de la liberté au thème particulier de la liberté religieuse en tant que droit humain fondamental, je crois que défendre la liberté de conscience, de pensée et de croyance est notre obligation morale. Cet engagement moral à défendre la liberté est le point de départ à la fois pour des politiques raisonnables et pour une action efficace dans le domaine de la liberté religieuse. En un mot, ceci est mon approche personnelle de la liberté de religion ou de conviction.

    Voulez-vous partager des expériences personnelles que vous avez eues en matière de liberté religieuse ?

    Ján Figel : En termes d’expérience personnelle, je devrais mentionner que je viens de la partie de l’Europe post-communiste. Je me souviens de l’époque où une véritable liberté de religion était inexistante. J’ai été amené à comprendre à quel point un régime totalitaire peut être préjudiciable, non seulement à la vie des individus, mais aussi à la société dans son ensemble. La lutte pour la liberté et la démocratie en Tchécoslovaquie, et plus tard en Slovaquie, a réuni les dissidents civiques, politiques et religieux. C’est clairement une preuve que la liberté et la dignité humaines sont indivisibles et que ces valeurs sont universelles pour toutes les personnes.

    Après la chute du mur de Berlin et du Rideau de fer en 1989, le développement et la préservation des libertés civiques, religieuses et politiques ont toujours été au cœur de mon travail en tant que Chrétien-démocrate. Dans le cadre de mes fonctions en tant que député de Slovaquie, Vice-Premier ministre, puis Commissaire européen chargé de l’éducation et de la jeunesse, j’ai travaillé dur pour promouvoir le dialogue interculturel et pour aider les personnes persécutées, comme par exemple les prisonniers politiques en Iran, en Biélorussie et à Cuba. L’un des prisonniers d’opinion cubains est devenu mon frère « adoptif » et nous nous sommes rencontrés après sa libération.

    Donc, je pourrais vous raconter beaucoup d’histoires humaines réconfortantes, d’espoir et de liberté. Mais permettez-moi de dire simplement qu’aujourd’hui, il y a une prise de conscience de plus en plus large dans le grand public et au sein des institutions internationales concernant l’importance de la liberté de religion ou de conviction et des questions qui lui sont liées, telles que les génocides pour des motifs religieux.

    Les minorités religieuses font face à l’oppression et à la discrimination dans de nombreux pays, principalement au Moyen-Orient. Dans le droit international, le principe des Nations Unies de la « responsabilité de protéger » marque un engagement politique mondial pris par tous les états membres de l’ONU, y compris les membres de l’UE. Cette responsabilité de protéger inclut également le devoir de protéger la liberté de pensée, de conscience et de conviction. Cela a aussi été souligné dans la résolution du Parlement européen sur le massacre systématique d’adeptes de minorités religieuses par le groupe terroriste Daech, en février de cette année. Par conséquent, le Parlement a commencé à prendre des mesures en créant le poste d’Envoyé spécial pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction, dont je suis honoré d’être le premier titulaire depuis le 6 mai.

    Comment la liberté de religion ou de conviction est-elle liée à d’autres droits fondamentaux, tels que la liberté d’expression, la liberté de pensée ou la liberté de conscience ?

    Ján Figel : La liberté de religion ou de conviction est un droit fondamental qui fait partie du système de valeurs de base de l’Union européenne. Nous comprenons les droits fondamentaux de l’homme comme indivisibles, interdépendants et universels. Le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction appartient à chaque être humain. Cela signifie que les gens peuvent manifester leur foi individuellement ou en commun, en privé ou en public, et qu’ils peuvent changer de croyance. Bénéficier de la liberté religieuse englobe la liberté de culte, celle de remplir des devoirs religieux et d’enseigner des idées religieuses. Le droit à la liberté religieuse devrait être protégé sans distinction et s’applique également aux convictions athées ou non-théistes.

    De façon logique, la liberté de religion ou de conviction est intrinsèquement liée à la liberté d’opinion et d’expression, ainsi qu’à la liberté d’association et de réunion. La liberté religieuse est donc un élément décisif pour les sociétés pluralistes, démocratiques et tolérantes. Par conséquent, toute société saine respecte, protège et promeut ce droit fondamental. Une culture des droits de l’homme compte sur la liberté de religion ou de conviction comme pierre angulaire d’une société libre et juste.

    Comme vous l’avez mentionné, vous êtes la première personne à occuper le poste d’Envoyé spécial pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction en dehors de l’UE. Quelles seront exactement vos tâches ?

    Ján Figel : La persécution persistante des minorités religieuses et ethniques rend la protection et la promotion de la liberté de religion ou de conviction d’autant plus indispensable. Ma tâche en tant qu’Envoyé spécial a été définie par le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, quand il a souligné, le jour de ma nomination, que nous devions nous concentrer sur cette question importante et assurer sa visibilité.

    Le Parlement européen a reconnu que les persécutions en cours envers des groupes ethniques et religieux au Moyen-Orient étaient un facteur crucial contribuant aux migrations de masse et aux déplacements internes. Par conséquent, avec le Commissaire européen Neven Mimica, qui est responsable de la coopération internationale et du développement, ma priorité sera de promouvoir des mécanismes pratiques de protection des victimes de persécution, à côté de l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin dans les zones les plus touchées.

    Nous allons travailler plus dur, avec le Parlement européen, la Commission, le Service européen pour l’action extérieure (SEAE), le Conseil européen et nos partenaires internationaux, afin d’engager un dialogue permanent sur la façon dont l’UE peut mieux contribuer à la promotion de la liberté de religion ou de conviction dans le monde. L’intergroupe du Parlement européen sur la liberté de religion ou de conviction et la tolérance religieuse, qui a été créé en janvier de l’année dernière, est également un grand soutien. Il existe déjà plusieurs programmes et instruments pour promouvoir les droits de l’homme en général et la liberté de religion ou de conviction en particulier, comme l’Instrument Européen pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (IEDDH). Le nouveau règlement de l’IEDDH pour 2014-20 inclut spécifiquement la liberté de religion ou de conviction comme une priorité. Sur un montant total de 20 millions d’euros, 5 millions d’euros ont été affectés à la promotion de projets liés à la liberté de religion ou de conviction. Enfin, dans le cadre de ma mission, je présenterai aussi un rapport, comme élément du dialogue permanent entre la Commission européenne et les églises, les associations ou les communautés religieuses. Cet échange avec les organismes religieux est conduit par le Premier Vice-président de la Commission, Frans Timmermans.

    Comment allez-vous déterminer vos priorités et quels principes allez-vous appliquer lors de ce processus ?

    Ján Figel : Nous sommes préoccupés par la montée de la violence et des menaces dans les pays non membres de l’UE, en particulier la Syrie, l’Irak, la République centrafricaine, le Nigeria, l’Iran, le Myanmar (Birmanie), le Pakistan, le Sri Lanka, l’Inde et d’autres. Nous sommes déterminés à défendre la liberté de religion ou de conviction comme un droit à exercer partout et par tous. Dans les enceintes multilatérales, l’UE met l’accent sur la consolidation du contenu des résolutions qui protègent la liberté de religion ou de conviction, tant au Conseil des droits de l’homme qu’à l’Assemblée générale de l’ONU. Nous travaillons également en étroite collaboration avec nos partenaires, tels que les États-Unis et le Canada. Fin juillet, j’ai représenté l’UE lors d’une conférence internationale à Washington, où plus de 30 délégations nationales et internationales ont discuté des menaces qui pèsent sur les minorités religieuses et ethniques au Moyen-Orient à cause de Daech, ainsi que des options pour apporter une aide concrète à ces communautés.

    Ma première priorité régionale est le Moyen-Orient, où nous assistons actuellement au génocide de Chrétiens, de Yézidis, de Musulmans chiites et d’autres communautés. Je veux inviter d’autres parlements et d’autres gouvernements à se prononcer contre ces génocides en cours. « Jamais plus » doit signifier jamais plus ! Nous devons enfin conclure le siècle des génocides, si nous voulons vivre des temps meilleurs. Les présentations en ligne des massacres de personnes innocentes est un appel à une réaction urgente de la communauté internationale. Le problème de l’assassinat systématique de membres de groupes ethniques ou religieux est une bien plus grande menace pour la sécurité que le changement climatique ! Quand devrions-nous appliquer les lois internationales contre le génocide et montrer notre volonté de poursuivre ses auteurs, sinon maintenant ? La communauté internationale doit faire face à cette situation plus activement et à tous les niveaux.

    Nous devons soutenir la libération des territoires de Daech et, à long terme, préparer les conditions de la stabilité et d’un redressement post-libération. Mais ce qui est aujourd’hui le plus urgent est l’aide humanitaire. D’autres tâches importantes concernent le domaine de l’éducation et la prévention de la radicalisation, en particulier chez les jeunes. Dans les zones les plus touchées, comme la région du Kurdistan, nous devons faire tout notre possible pour veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne à tous les civils et pour offrir une protection à toutes les communautés ethniques et religieuses. Selon les estimations de l’ONU, l’offensive en cours pour libérer Mossoul et les plaines de Ninive pourrait provoquer entre 300 000 et 1,5 million de réfugiés. Nous devons nous préparer à cette situation, qui pourrait facilement se transformer en une crise humanitaire majeure.

    Enfin, nous devons travailler en vue de la réconciliation locale et du dialogue interreligieux. Mais une réconciliation durable suppose la justice et la mise en place d’un état de droit. C’est un point incontournable, parce que la paix durable est le fruit de la justice.

    Dans 24 états membres de l’ONU, changer de religion – acte connu sous le nom d’apostasie – est considéré comme une infraction pénale. Quelles mesures l’UE devrait-elle prendre afin d’abolir les lois sur l’apostasie et le blasphème ?

    Ján Figel : En tant qu’Envoyé spécial pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction en dehors de l’Union européenne, je suis conscient de ces réalités juridiques et trouver une solution reste une priorité pour nous.

    Le Conseil européen travaille aussi sur cette question et le nouveau plan d’action de l’UE sur les droits de l’homme et la démocratie, adopté en juin 2015, a souligné l’importance de « veiller à ce que la liberté de religion ou de conviction garde une priorité élevée dans l’ordre du jour avec les pays tiers, ainsi que dans les enceintes multilatérales. » Dans ses conclusions sur le Pakistan, le Conseil a invité ce pays à donner la priorité et à prendre de nouvelles mesures pour respecter, protéger et promouvoir la liberté de religion ou de croyance et les droits des personnes appartenant à des minorités. La situation est similaire en Iran, en Somalie, au Soudan et dans d’autres pays.

    Le respect de la liberté religieuse doit également être contrôlé dans le cadre des soi-disant Évaluations d’impact sur les droits de l’homme (Human Rights Impact Assessments), qui sont réalisées lorsque l’UE négocie de nouveaux accords bilatéraux d’échange et d’investissement. Lorsque des violations flagrantes et persistantes de la liberté de religion ou de conviction se produisent, aucun accord ne devrait être conclu. En plus de leurs actions pour promouvoir la liberté religieuse dans les relations bilatérales, les délégations de l’UE seront également plus actives dans ce domaine dans leur travail avec l’ONU.

    Enfin, il faut rappeler que cette tâche ardue est accomplie non seulement par des hommes politiques et des diplomates, mais aussi par des représentants de la société civile, des ONG, des universités et tous les hommes de bonne volonté. Et je voudrais inviter tous ces acteurs et tous ces gens à une coopération plus étroite et plus intense. Le XXIe siècle peut devenir meilleur que le précédent, si nous nous en préoccupons tous et si nous introduisons dans notre temps et nos sociétés plus d’humanité, plus de responsabilité et plus de solidarité.

    Dr. Figel, je vous remercie beaucoup pour cette interview. Le Forum pour la liberté religieuse en Europe vous souhaite le meilleur succès dans votre nouvelle mission.

    Source : FOREF

    Traduction CAP LC CT

    CAP pour la liberté de conscience – www.coordiap.com